Aujourd’hui, l’intelligence artificielle (I.A) émerge de façon significative dans la vie de tous les jours. Elle est utilisée pour automatiser des tâches qui nous semblent pénibles et redondantes. Cependant, les métiers créatifs tels que les métiers du livre se voient touchés par cette nouvelle menace, notamment dans le secteur de la bande dessinée et du livre illustré qui nous concerne. L’IA est un vrai enjeu de société auquel il faut réfléchir avant de subir un bouleversement qui pourrait tuer le métier et les droits des auteurs.
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Eidola éditions s’oppose à l’utilisation de l’intelligence artificielle pour la création d’images et plus largement des œuvres artistiques.
Nous défendons une création portée par des artistes, garantissant une diversité authentique et une profonde sensibilité.
Nous nous engageons à soutenir les auteur.ices dans leur travail et à favoriser une interaction enrichissante entre les lecteur.ices et l’auteur.ice.
Une mauvaise traduction des textes
Les premiers acteurs du livre touchés sont les traducteurs. De nombreux outils en ligne, comme DeepL, tentent de remplacer les traducteurs humains. Cependant, l’utilisation de ces algorithmes est limitée car ces intelligences artificielles n’ont pas la capacité de traduire comme le font les personnes, avec toute la sensibilité qu’elles peuvent faire transparaitre, les sens cachés que l’auteur à voulu transmettre, les jeux de mot, les traits d’humour, etc. Ce sont parfois des bouts de phrases qui n’ont pas réellement de sens, ce qui nuit au texte original. Les formations pour entrer dans ce corps de métier deviennent également friandes de l’utilisation de ces algorithmes. Les universités soulignent déjà aux étudiants qu’ils exerceront en « post-édition ». C’est la nature même du métier de traducteur qui disparaît au sein des universités qui forment aux métiers de la traduction. L’apport du savoir humain doit primer sur l’utilisation de ces outils.
Des scénarios peu qualitatifs
Le métier de scénariste fait également face à la montée de cette technologie. Les I.A génèrent de plus en plus de contenus cohérents et viennent grignoter leur travail. Cependant, malgré le gain de temps et d’argent que peut procurer l’intelligence artificielle, les scénaristes ont leur propre style d’écriture, leur propre système de réflexion et leur originalité ; ils ont aussi une vision politique, sociale, philosophique, écologique qui leur est propre. À l’opposée, l’intelligence artificielle ne sait pas réfléchir et utilise des données qui ne lui appartiennent pas afin de générer un contenu à peine satisfaisant.
L'impact de l'IA sur le métier d'illustrateur
Le même problème touche le métier d’illustrateur. Les algorithmes génèrent des images précises avec plus ou moins d’erreurs, qu’un œil aguerrit peut encore facilement relever, avec un style qui, à ce jour, est assez identifiable. De leur côté, les illustrateurs réalisent un travail dont la cohérence, la finesse et la sensibilité rendent leur ouvrage unique. Pour ce qui est de la narration en bande dessinée, l’I.A. est encore loin d’atteindre la subtilité et la créativité des auteur·ices, car elle se limite à recombiner des données préexistantes sans véritable capacité d’invention. Elle peut aussi devenir vite répétitive.
Les données digérées par l’IA sont souvent des données personnelles circulant sur le net. La question de la propriété intellectuelle entre alors en jeu. Quelles sont les œuvres utilisées pour chaque création générée par I.A. et quels droits pour leurs ayant-droits ? C’est un travail colossale qu’il faudrait effectuer pour que ces personnes touchent leur du.
La question du droit d'auteur et du droit moral
L’I.A. pose donc des problèmes sur le sujet des droits d’auteur, car l’I.A. n’est rien d’autre qu’un plagiat organisé et diffus. Dance ce cas, comment rémunérer les auteurs pillés ?
Puisque l’algorithme se nourrit d’œuvres existantes, de données volées aux consommateurs et par là-même aux artistes-auteurs, il y a un risque de plagiat important. Ceci pose aussi un problème de responsabilité de l’éditeur qui publierait, en toute connaissance de cause ou pas, une œuvre créée avec I.A.
Se pose aussi la question du droit moral (droit de divulgation, droit de paternité, droit au respect de l’œuvre, droit au retrait et de repentir) qui est, selon la loi, perpétuel et inaliénable pour l’auteur.
Il y a donc nécessité de transparence pour garantir les droits d’auteur et le consentement des auteurs et autrices.
La perte de sens pour le lecteur
D’autre part, le fait que l’intelligence artificielle prenne un place importante, pose un problème majeur sur l’interaction entre les lecteur.ices et les auteur.ice.s. La disparition des rencontres entre auteurs et lecteurs, du suivi de leurs réseaux sociaux, des expositions sur le processus créatif, des dédicaces, etc, conduisent à la perte d’une relation riche, humaine et stimulante.
Les lecteur.ice.s devraient être informé.e.s d’une œuvre réalisée avec une I.A. D’une part il est important de connaitre la nature d’une œuvre qu’on lit, pour des raisons politiques et déontologiques, d’autre part le lecteur doit pouvoir imaginer l’auteur ou l’autrice derrière l’œuvre pour mieux s’identifier et éventuellement le rencontrer ou rencontrer ses œuvres dans des expositions.
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