Exposition Mimo sur la Trace des dinos

Du 20 septembre au 13 octobre 2024, le Musée d’Angoulême s’est associé à Eidola Éditions pour présenter une exposition unique mettant en lumière le site de fouilles paléontologiques d’Angeac-Charente. Retour sur cet événement !

Les coulisses : une collaboration étroite

Avant l’installation, les panneaux explicatifs sont rédigés, illustrés, sourcés, puis maquettés. Derrière ce travail minutieux se cache l’équipe d’Eidola Éditions, mais aussi et surtout, Mazan, illustrateur participant aux fouilles d’Angeac-Charente depuis la première campagne, ainsi que dessinateur de MIMO sur la trace des dinosaures aux Éditions Eidola.

Le jour J de l’installation arrive ! Notre équipe, ainsi que celle du musée s’emparent du Pavillon UNESCO situé Rue Hergé, afin de concevoir une exposition immersive et éducative. Les panneaux, photos, et illustrations sont accompagnés des moulages prêtés par le musée. Ces pièces, soigneusement reproduites, permettent aux visiteurs d’admirer en détail les spécimens retrouvés, sans risquer d’endommager les originaux ! Le tout est sublimé par une section des originaux des auteurs : Mazan, l’illustrateur, et Isabelle Dethan, la scénariste de Mimo sur la Trace des dinos.

En plus de ces pièces exceptionnelles, une section cinéma permet aux petits comme aux grands d’en apprendre davantage sur le site d’Angeac-Charente et ses découvertes. Au programme : plusieurs extraits documentaires, ainsi qu’une vidéo des fouilles de 2024 exclusive à l’expo !

L’une des reproductions, le fémur de Turiasaurus retrouvé lors de la première campagne, est de loin la pièce la plus impressionnante. Découverte en 2010 lors des premières fouilles sur le site, cet os majestueux attire tous les regards vers la vitrine de l’exposition.

Le parcours ainsi tracé offre une vue d’ensemble sur la faune et la flore qui peuplaient notre région il y a 145 millions d’années.

 Il ne reste plus qu’à accueillir les visiteurs ! 

La médiation du Musée d'Angoulême

La paléontologie, bien que passionnante, peut sembler complexe pour un jeune public. C’est pourquoi nos équipes, en collaboration avec les médiatrices du musée, ont conçu des activités spécifiques pour les enfants. De plus, plusieurs classes du Grand Angoulême ont eu l’opportunité de visiter l’exposition, guidées et commentées par les médiatrices.

L’atelier de fouilles a été particulièrement apprécié. Après une introduction rapide sur les dinosaures d’Angeac-Charente, les enfants ont participé à des fouilles dans un bac spécialement conçu à cet effet. Les répliques d’os, une fois retrouvées et identifiées, ont été utilisées pour reconstituer un squelette d’ornithomimosaure grâce à un ingénieux système d’aimants.

L’objectif principal était de proposer aux enfants une expérience immersive, leur permettant de se sentir acteurs des découvertes qui les entourent et de se glisser dans la peau de paléontologues, le temps d’un atelier.

L’atelier de dessin, réservé aux visites en dehors du cadre scolaire, a quant à lui réuni petits et grands. Chaque dessin de dinosaure réalisé s’ajoutait à une grande fresque, recréant les terres du Crétacé peuplées de dinosaures colorés et originaux.

Pour mieux comprendre le rôle de la médiation, nous avons interrogé Xsandra, Leila, et Emilie, les médiatrices qui ont animé ces visites et ateliers.

Quels sont les enjeux de la médiation, notamment auprès du jeune public ?

Les enjeux principaux de la médiation consistent à voir le musée comme un lieu-ressource où l’on peut admirer des œuvres, jouer, rêver, dessiner ou encore apprendre des choses sur la vie passée, les animaux ou tout autre sujet.
Les enfants doivent percevoir le musée comme un lieu où ils ont le droit d’aller, qui n’est pas poussiéreux ou ennuyant, pour leur donner envie de revenir.

Pour l’expo Mimo, passer par un faux terrain de fouilles dans lequel les élèves cherchaient des os d’un ornithomimosaure, permettait de rendre compte de la réalité d’un terrain de fouilles et des questions à se poser quand on est paléontologue : tri dans ce que l’on fouille, différences de couleurs de terre… L’expérimentation permet de mieux enregistrer les informations en comparaison à celles présentées à l’oral,  d’où l’intérêt de mobiliser physiquement les élèves.

 

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Vous avez fait des visites-ateliers par rapport aux fouilles d'Angeac-Charente, comment vous préparez-vous ? Quelle formation avez-vous pour aborder ce sujet ?

Toutes les médiatrices ont été au moins une fois sur le terrain de fouilles d’Angeac, durant les mois de juillet où le chantier a lieu. Hors saison, nous échangeons avec notre conservateur, Laurent Crépin, Ronan Allain du Museum d’Histoire naturelle de Paris, Doumé, notre préparateur, Jean-François Tournepiche (ancien conservateur du Musée) et les différents chercheurs qui interviennent au Musée d’Angoulême.

Toutes ces personnes nous permettent d’approfondir notre connaissance du lieu car ce sont eux les spécialistes d’Angeac. Aucune de nous n’a de formation en paléontologie mais nous avons toutes une formation en histoire de l’art et sommes habituées à chercher, synthétiser et transmettre des contenus sur de nombreux sujets. Nous pouvons également lire des ouvrages, articles ou autres publications susceptibles d’enrichir notre discours et pour nous tenir au courant des dernières actualités de la recherche.

Comment décririez-vous l'intérêt des enfants pour la paléontologie ?

Les dinosaures et autres domaines de la paléontologie intéressent toujours autant les enfants et certains sont très calés sur le sujet : ils connaissent parfois beaucoup plus de noms de dinosaures que nous ! Mais nous arrivons toujours à leur faire découvrir de nouvelles choses, notamment en observant les fossiles trouvés en fouilles. Par exemple le fait que les sauropodes perdent leurs dents tout au long de leur vie et qu’on en retrouve beaucoup à Angeac, n’est souvent pas connu des enfants.

Face à quelles difficultés devez-vous faire face lorsque vous vous adressez à des enfants ? Comment adaptez-vous votre discours ?

En visite scolaire, le plus difficile est de devoir s’adapter à chaque groupe. Les paramètres dont nous devons tenir compte sont nombreux : un ou plusieurs niveaux, groupe homogène ou hétérogène, proximité ou éloignement du musée/site (bus ou marche à pied), etc. Les premiers échanges que nous avons avec les élèves nous permettent de nous ajuster rapidement au groupe venu suivre une visite. Un rendez-vous au préalable avec l’enseignant, par téléphone ou en physique, nous permet également d’avoir en amont des informations sur le contexte de la visite et de discuter de l’avant et après-visite. Pour les scolaires, les programmes sont pour nous une source d’informations pour développer nos actions.

Nous décidons souvent en équipe d’éléments-clés et de mots spécifiques qui doivent leur être délivrés mais pas forcément dans un ordre précis. Aucune visite ne se ressemble et il faut être flexible pour jongler entre le contenu scientifique et les questions des enfants : ce sont eux qui construisent avec nous, au fur et à mesure, leur visite.

Retour de Laurent Crépin, conservateur du Musée d'Angoulême

Pour conclure cette présentation de l’exposition, nous avons donné la parole à Laurent Crépin, conservateur du Musée d’Angoulême depuis septembre 2024, successeur de l’emblématique Jean-Francois Tournepiche. 

Quelles sont vos missions en tant que conservateur du Musée d’Angoulême ?

Un conservateur doit avant tout s’assurer que le matériel dont il a la charge (archéologique et paléontologique pour ma part) puisse perdurer dans le temps, qu’il soit parfaitement inventorié, qu’il soit accessible et étudiable par la communauté scientifique, qu’il soit mis en valeur au musée ou protégé en fonction de son état de conservation.

Au Musée d’Angoulême, cela se traduit par des acquisitions régulières de vestiges archéologiques ou paléontologiques, un travail d’inventaire et de conditionnement important (notamment avec les dinosaures !!!), des expositions au musée ou hors les murs (comme ici pour « Mimo »), des conférences, etc…. 

Mes missions principales sont donc de conserver, transmettre et faire connaître.

Quelle est, selon vous, l’importance de ce genre d’événement alliant les arts dessinés et la paléontologie ?

Il n’est pas toujours aisé de pouvoir transcrire des résultats scientifiques ou des hypothèses de travail pour expliquer aux plus petits, comme aux plus grands, les informations recueillies dans le domaine paléontologique.

Il est important de pouvoir trouver des supports variés (dessins, vidéos, numériques, …) pour visualiser différemment ces sujets et essayer d’intéresser un maximum de personnes. 

Pour moi, un dessin est bien plus puissant qu’un discours pour se représenter l’environnement végétal ou animal de ces époques lointaines entre autres. L’un des problèmes, c’est que la recherche scientifique évolue et se remet en question en permanence, ce qui implique une mise à jour constante des informations et la nécessité de travailler sur la durée pour rester à jour sur les dernières hypothèses en cours…

 

Juste quelques mots concernant l’expo ?

J’ai été ravi de pouvoir participer à cette exposition très réussie mêlant dessins originaux, moulages de fossiles, résultats scientifiques et activités pédagogiques, et que des centaines de visiteurs aient pu découvrir ou redécouvrir le travail réalisé depuis plus de 15 ans sur le gisement paléontologique d’Angeac-Charente.

 

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