A l’occasion de la 51e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, Ronan Allain s’est rendu sur place pour dédicacer l’album de Mimo sur la trace des dinos, tout juste sorti en intégrale. On a profité de sa présence à Angoulême pour échanger avec lui au laboratoire du musée d’Angoulême et en apprendre plus sur sa profession et son parcours.
Qui êtes-vous ?
Ronan Allain, maître de conférence au Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris et coordinateur de l’équipe scientifique d’Angeac-Charente. J’ai commencé à collaborer avec Mazan en 2010 et depuis nous travaillons toujours ensemble.
Comment êtes-vous devenu paléontologue ?
J’ai passé mon adolescence à faire des fouilles archéologiques et j’aimais les sciences de la terre. Après des études de géologie, je me suis spécialisé dans la paléontologie. Je suis arrivé aux dinosaures complètement par hasard puisque la paléontologie ne concerne pas que ces derniers. J’ai commencé avec des dents de requin ou encore du plancton. Un jour, on m’a proposé de travailler sur des dinosaures. J’ai commencé ainsi et depuis je n’ai jamais lâché ce domaine.
Quel est votre premier souvenir lié à la paléontologie ?
Mes premiers souvenirs de dinosaures remontent à mon arrivée sur le terrain, quand on commençait à sortir notre matériel. Ce sont des souvenirs marquants qui restent. Sortir ses premiers ossements du sol, c’est une expérience inoubliable.
Qu'est-ce qui rend, selon vous, le site d'Angeac-Charente si important ?
D’abord, il y a la quantité de fossiles : on est à plus de dix mille fossiles identifiés et de nombreux végétaux. Ensuite, on retrouve une grande diversité de ces fossiles : des végétaux, des invertébrés, des animaux à squelette, des gros, des petits, des empreintes, des coprolithes (Excréments fossilisés)… Il y a également la qualité de préservation ; on retrouve des squelettes entiers dans un état impeccable, chose rare compte tenu de leur ancienneté. Il y a une vraie biodiversité à Angeac-Charente avec 38 vertébrés différents dont déjà 11 espèces de dinosaures.
Vous avez travaillé avec Mazan, quel est le rapport entre l'image et la paléontologie ?
C’est un travail super important. Pour nous, paléontologues, le dessin est un moyen de visualiser les dinosaures que l’on trouve de manière plus complexe et juste. Ces images permettent aussi de raccrocher le public à des éléments concrets, pour éviter les confusions et mauvaises interprétations.
A quel niveau êtes-vous intervenu sur Mimo ?
Surtout au début, quand il a fallu créer les personnages de la BD. Nous voulions des dessins à la fois non réalistes, c’est à dire de style naïf, et justes scientifiquement. Ensuite les auteurs ont eu une certaine liberté sur la réalisation de la bande dessinée, d’autant que Mazan était déjà très renseigné sur beaucoup d’aspects de la paléontologie. Pour le bestiaire en revanche, on a changé beaucoup de choses, notamment sur les dinosaures à intégrer et la façon de les dessiner. Le site d’Angeac-Charente a beaucoup évolué depuis la sortie du premier Mimo et de nombreux éléments sont à mettre à jour. Il faudrait que Mazan dessine à nouveau l’avancée des fouilles et les changements qu’a subi la carrière au fil des recherches.
Quel est votre rapport plus personnel avec la bande dessinée ?
Je suis un gros lecteur depuis tout petit, j’ai donc lu les grands classiques de la BD comme Astérix et Tintin. En grandissant, j’ai commencé à m’acheter mes propres BD et aujourd’hui je suis son actualité attentivement. Ma rencontre avec Mazan et Isabelle Dethan m’a permis de faire la connaissance de nombreux dessinateurs. Mon rapport avec ces derniers a ainsi beaucoup changé . Je préfère maintenant aller à la rencontre d’auteurs peu connus, vu que je suis moins attaché à tout ce qui est dédicaces. Je suis un gros lecteur de BD, finalement.
Quel est votre dinosaure préféré d'Angeac-Charente ?
Est-ce qu'il y a un cliché sur les dinosaures que vous aimeriez déconstruire ?
Le plus intéressant, c’est que les dinosaures n’ont pas disparu. Les oiseaux sont des dinosaures à part entière ! Cette information est utilisé lors des recherches ainsi que pour certaines études. Les oiseaux sont un point de référence qui nous permet de constater l’évolution des dinosaures sur des centaines de millions d’années, et cela jusqu’à nos jours.
Comment est-ce que vous expliquez l'intérêt des enfants pour les dinosaures ?
La première chose qui fait rêver, ou en tout cas qui impressionne, c’est la taille. Quand on est enfant, même si on voit l’échelle par rapport à un humain dans les livres, se retrouver devant un vrai squelette de dinosaure impressionne énormément ! Ce sont les animaux terrestres les plus grands qui existent donc les squelettes reconstitués sont imposants. Je pense que c’est ce premier contact lors de l’enfance qui crée cette fascination.
Découvrez les oeuvres de Ronan Allain
Mimo, le vilain petit dinosaure, découvre un monde féroce dans lequel il va vivre deux drôles d’aventures, inspirées des fouilles paléontologiques d’Angeac-Charente et de Ban Kalum au Laos.